Un jeu d'équilibre et de balancier
Ces derniers temps lors de stages de clown auprès de soignants, la notion du donner-recevoir à émerger.
Quelle place je donne à l'autre, où est la limite entre faire mon métier et donner encore et encore, comment prendre soin de moi tout en prenant soin de l'autre.
Dans mon expérience, il m'est arrivé (et moi-même, j'ai été dans cette posture) de rencontrer des personnes qui donnent beaucoup avec passion, énergie mais parfois à son détriment.
A trop donner, est ce que je ne risque pas de m'essouffler ? De m'épuiser ?
Parallèle sur scène/ en tant qu'artiste clown, la générosité est de mise; générosité dans l'engagement, dans l'intensité pour que mon corps soit habité et que la connexion au public se fasse. L'été dernier lors d'un stage avec Eric Blouet, j'ai pris conscience de la grande générosité que j'avais sur scène vis à vis du public; et ma clowne adore ce lien public; à le solliciter, à donner.
Mais à quel moment cela me dessert-il ? Quel est le juste équilibre entre le donner et le recevoir ? A travers ce stage, j'ai pu comprendre la limite à trop donner au public et le retour à soi, de comment ma clowne aussi vit juste pour elle sur scène. A être trop généreuse avec le public, j'ai oublié d'être généreuse sur scène. En acceptant d'être moi avec moi sur scène, je me suis ouverte à un pan de douceur, de lenteur jamais inégalée. Se donner le temps de vivre mes sensations, de goûter, de s'offrir une respiration avant tout pour moi. En me donnant cette respiration, je donner au public également cet espace de respiration; et le donner-recevoir se trouve dans un équilibre.
Quand j'accompagne des stagiaires, je m'aperçois qu'il est difficile pour certains de recevoir lors d'exercice.
A trop donner, j'en oublie de recevoir et d'accueillir les cadeaux, à trop impulser le jeu, je passe parfois à côté de pépites sur scène offerte par mon partenaire de jeu.
Quand je parle de balancier, c'est l'idée que par instant le mouvement va dans le don à son paroxysme puis revient au point d'équilibre puis ce mouvement se balance jusqu'à recevoir à l'extrême.
Jouer sur un plateau avec ces extrêmes est jouissif : Dans la création de mon prochain solo, je sens que je me nourris de cette recherche: jusqu'où je pousse le don intense avec le public, quand est ce que je nourris le don de soi à soi pour arriver à une respiration commune, à des allers-retours haletants. J'ai tendance à partir en improvisation avec le public et oublier ma direction. Quand je donne trop au public et quelque part j'attends trop de lui, je risque de ne pas recevoir à la hauteur.
Quand je prends ma casquette de pédagogue clowne, il m'arrive d'être submergée par ma générosité, mon enthousiasme et je sens qu'à trop donner je m'épuise.
Lors de mon dernier atelier, en prenant conscience que l'équilibre était rompue, et que c'était au détriment de moi mais aussi du groupe, en le nommant directement et en me ré-ancrant directement (par un exode physique), j'ai pu choisir de privilégier le recevoir/ prendre une respiration pour moi pour être au final plus au service de l'autre.
Il y a plusieurs années, je me suis formée au massage. Au début, je mettais ma posture de confort en dernier pour donner à fond jusqu'à ce que je m'aperçoive qu'en prenant soin de moi, de ma posture, au final, mes massages avaient tune plus grande qualité.
Apprendre à recevoir, à se laisser voir est un chemin et un apprentissage riche d'authenticité.
Dans une relation si je donner trop sans rien recevoir, il y a déséquilibre. et souvent, plus je donne et plus je me coupe de ma capacité à recevoir.
Donnons - recevons - Echangeons
Dans mes stages, j'invite les stagiaires à s'offrir des temps de recevoir/donner écouter ses besoins su scène/ hors scène.
Si toi aussi tu as envie d'explorer plus ces notions dans le jeu , je t'accueille à l'un de mes stages
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